bouba_sampilEn dépit des reformes entreprises pour l’amélioration de sa gestion, le secteur minier guinéen reste miné par les scandales de tous ordres. Le dernier cas en date concerne le PDG de Nimba Mining, Aboubacar Sampil, coactionnaire de West Africa Exploration (WAE) dont le projet d’exploitation du minerai de fer du mont Nimba est annoncé pour 2016.

En effet, Bouba Sambil est mêlé à une louche affaire où la cagnotte de six millions de dollars US est en jeu. C’est du moins ce que révèle le journal, The Times, dans sa livraison du 25 octobre dernier, citant un rapport le rapport annuel de Sable Mining, partenaire majoritaire de Nimba Mining à WAE.  Selon notre confrère britannique, Il s’agit d’une consultation dont les frais représenteraient 5 fois leur valeur normale. Ça s’appelle de donc de la surfacturation. Mais le plus embarrassant, c’est que ce faramineux pactole est payé à une société du nom de Faniya, où  M. Sampil est présenté comme responsable ou actionnaire, ajoute notre confrère.

Et au sein de l’opinion, le sujet suscite des préoccupations parmi lesquelles, figure en bonne place et à juste raison, l’avenir du projet Nimba dont l’exploitation est prévu pour 2016. Un projet, au compte du quel plusieurs centaines de millions de dollars US devraient être investis en Guinée et au Libéria. Avec 800 emplois dont près des trois-quarts sont prévu du côté de la Guinée dit-on. Sans oublier les autres avantages sociaux pour les populations de la zone d’exploitation. En tout cas s’il devait avoir lieu, relativisent des spécialistes des mines guinéennes, qui ne cachent pas leur scepticisme quant au sérieux du projet. A en croire ces derniers, ce projet est dans l’ordre de nombreuses initiatives prises pour faire de la spéculation dans ce secteur en Guinée…

L’autre question qui tar au de l’esprit des observateurs, c’est celle de savoir s’il y a un lien entre ce scandale financier et les relations entre M. Sampil et le pouvoir guinéen, notamment la présidence de la République. En tout cas, avant la découverte de ce pot aux roses, les rumeurs sur un Bouba Sampil tombée en disgrâce couraient les rues de Conakry. A cause de la détérioration prétendue ou réelle de ses relations avec « son ami » Mohamed Alpha Condé, fils du président de la République.

Des relations qui, quand elles  étaient bonnes, auraient  permis à l’intéressé de réussir à faire accepter au gouvernement guinéen ce qu’il avait refusé à d’autres avant lui. C’est-à-dire l’exportation du minerai de fer du Nimba par le Libéria, via le port Buckanan. Ce qui lui aurait valu beaucoup de points auprès de ses partenaires qui trouveraient en lui un relai efficace pour ses projets en Guinée. Bien que son nom revenait souvent dans les critiques qui dénoncent la trop forte implication de Condé fils  dans le secteur minier guinéen.

Plus loin, il y a lieu de s’interroger sur les répercutions que cette information aura sur l’homme d’affaire et son image. D’autant plus qu’il a des actions cotées en bourses et que le monde boursier est très sensible aux questions liées à la corruption et aux malversations. Un aspect qui préoccuperait par-dessus tout le mis en cause, à en croire les rares langues qui se délient, à défaut  d’une réaction officielle de la part l’homme et de ses services.

Et à propos de ces réactions, il faut dire que les rares qui nous parviennent, parfois par personnes interposées, sont souvent timides et contradictoires. Avec beaucoup de nervosité, et des arguments pour le moins légers. C’est le cas par exemple quand l’entourage de Bouba Sampil laisse entendre qu’il s’agit d’une cabale contre ce dernier. « C’est fait pour nuire » rétorque sans conviction un des proches du patron de Nimba Mining, qui remet en cause le sérieux de l’article tout en reconnaissant la crédibilité du journal qui a publié l’information.

Mais ce qui surprend le plus, vu ce que risque le partenaire de Sable Mining en terme d’image et sur le plan financier, c’est sa décision de ne pas réagir en dépit de la gravité de l’acte qui lui est attribué. Dans pareil cas, selon les habitués du monde des affaires, si l’intéressé ne se reproche rien, non seulement il démentit mais aussi, il poursuit son accusateur. Et pour l’instant, Bouba Sampil ne fait ni l’un, ni l’autre. Ce qui ne vas pas sans rappeler le dicton selon lequel « qui ne dit rien conscient » !

 

Source : Les Mines