sekouba1A la mort du général-président Lansana Conté en 2008, c’est une junte de jeunes officiers qui s’empare du pouvoir sans coup férir. Le contexte sociopolitique de la Guinée est des plus lamentables, aucun des trois pouvoirs (exécutif, législatif et judiciaire) ne fonctionne normalement. Deux h !ommes émergent nettement au sein de la junte, le capitaine Moussa Dadis Camara et son compagnon le colonel Sékouba Konaté. Le premier des deux connaîtra une aventure brève à la tête du pays, son aventure le mène dans un exil forcé à Ouagadougou au Burkina Faso où, depuis cinq ans, il se demande quel sort demain lui réserve.

Sékouba Konaté, lui, succède à Dadis et mène la transition à son terme. Beaucoup d’eau a coulé sous les ponts depuis son départ du pays après la cérémonie d’intronisation du professeur Alpha Condé. Le voile se lève peu à peu sur bien des zones d’ombre de sa gestion de la transition.


Massacre au Stade du 28 septembre

Sékouba Konaté est ministre de la Défense au moment des faits. S’il prétend n’être pas mêlé à ce massacre parce qu’il était à N’Zérékoré à 1000 km de Conakry, un événement aussi dramatique ne pouvait se planifier et s’exécuter à son insu. Il a beau s’agiter aujourd’hui autour de cette affaire jusqu’à proposer à la Cour pénale internationale une liste de présumés coupables, rien ne peut à priori le disculper.


Attentat contre Dadis

Beaucoup de gens ont insinué que Sékouba avait manœuvré pour se débarrasser de son ami, qu’il avait chargé Aboubacar Toumba Diakité, l’aide de camp de Dadis, de l’exécution du plan secret. Mais cette insinuation ne peut raisonnablement se justifier. Toumba a agi de son propre chef croyant que Dadis avait choisi de se débarrasser de lui en le livrant aux juges d’instruction travaillant pour la CPI.


Parti pris pour un candidat

Avant le premier tour de la présidentielle de 2010, de source bien informée, Sékouba confie à quelques-uns de ses proches collaborateurs que pour rien au monde il n’accorderait la victoire à un candidat autre que celui de son ethnie.


« Coup de force » contre le candidat de l’UFR

 Quelques heures avant la proclamation des résultats provisoires, le regretté Ben Sékou Sylla, alors président de la CENI, est convoqué d’urgence à la Présidence où des instructions fermes couplées de menaces pour sa vie lui son données pour intervertir l’ordre de classement entre Sidya Touré, deuxième par son score, et Alpha Condé, troisième. Sékouba est convaincu que tout candidat qui affronterait Sidya au second tour serait largement battu. Les militantes de l’UFR ne digèrent pas ce coup tordu, elles se mobilisent devant la Présidence et couvrent Sékouba d’injures et de sarcasmes au point que ce dernier en larmes annonce qu’il démissionne avant de se raviser sous la pression de ses amis.


Temps des regrets

Ses détracteurs affirment que l’une des priorités du professeur Alpha Condé une fois au pouvoir serait « d’écarter autant que faire se peut un certain nombre de gradés et de civils qu’il prend pour de redoutables ennemis ». Ceux parmi ces derniers qui ont réussi à s’exiler sont désormais persona non grata en Guinée pour la durée de son règne, et ceux qui sont restés au pays croupissent en prison. Même si l’emprisonnement des officiers dont Nouhou Thiam relèverait d’une affaire purement militaire, dit-on.

 
Aujourd’hui, alors que la majorité écrasante des Guinéens aspire à l’alternance à la présidentielle de 2015, vu l’échec patent du régime en place, des observateurs n’arrêtent pas de s’interroger sur ce qu’on pourrait appeler la malédiction pour la Guinée d’avoir tout le temps à sa tête un mauvais leadership.


Source : Le Démocrate