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Dans une récente déclaration à Guineenews.org, Mr. Cheick Sako a déclaré, à propos de l’instruction des crimes de 2009 et autres violations des droits de l’homme en Guinée, que «Certains veulent qu’on aille très vite dans ce dossier, certainement ils cachent quelque chose ». Mr. Sako cite même l’affaire Hissen Habré dont l’instruction dure depuis 21 ans, sans procès encore en vue, comme justification des lenteurs de la justice guinéenne.

Il oublie commodément que le cas de Hissen Habré, refugié au Sénégal est totalement différent de la provocatrice présence dans le gouvernement de criminels avérés qu’il fréquente apparemment, sans état d’âme et dont la radiation a été demandée encore récemment par le Haut-Commissaire des Nations-Unie aux Droits de l’Homme. Pour rappel, en Mars 2014 à New-York, lors d’une rencontre avec des experts de l’ONU sur la violence contre les femmes, Mr. Sako avait refusé de répondre à des questions relatives aux crimes commis contre des citoyens par le pouvoir actuel. Il les avait qualifiés de politiques de façon évasive. Il avait quand même donné un délai de 90 jours pour annoncer des résultats concrets dans l’instruction des crimes de Septembre 2009. Comme s’il s’était adressé à des amnésiques, ce délai est passé sans que le garde-des-sceaux ne daigne même donner des excuses ou expliquer les retards des résultats promis. Mr. Sako a décidé d’être un bon commis aux ordres d’une cause occulte mais que tout le monde devine aisément. Il est aux aguets pour - à chaque nouveau crime d’état - sortir de l’ombre et pratiquer ses incantations de promesses de justice et de demandes de patience. En fin septembre, répondant à des questions de journalistes sur les actions qui doivent être prises pour suspendre de leurs fonctions les accusés de crimes contre l’humanité, Mr. Sako répondit avec une candeur désarmante que c’est la responsabilité de l’exécutif. Si le ministre de la justice ignore être le premier agent de l’exécutif concerné dans cette affaire et qu’il est de son devoir de recommander la radiation du gouvernement de ces personnes, cela est bien regrettable. S’il veut jouer à l’ignorant pour gagner du temps, cela serait criminel. Progressivement et à force de se donner des excuses, Mr. Cheick Sako a exposé les raisons qui lui ont valu la nomination par Alpha Condé, dont le but est de faire trainer l’instruction des crimes de 2009 et de résister par usure aux pressions de plus en plus accentuées sur le gouvernent guinéen.

 

Il est de plus en plus évident que Mr. Cheick Sako n’a ni les qualifications professionnelles requises ni la stature morale nécessaire pour mener la mission qui lui est confiée. Lors de sa nomination, Mr. Sako avait indiqué qu’il continuerait les activités de son cabinet d’avocat à Montpellier. Le fait que Mr. Alpha Condé et Mr. Sako - tous deux prétendument spécialistes du droit - aient cautionné l’inacceptable situation d’être ministre de la justice d’un pays et d’exercer en même temps des fonctions d’avocat dans un autre, est alarmant à plus d’un titre. C’est non seulement un flagrant conflit d’intérêt, mais aussi le signe d’un manque d’égard à son pays ainsi qu’un mépris de la mission essentielle de superviser le système judiciaire de la nation. Ce douteux arrangement confirme que le choix de Mr. Sako comme gardes-de-sceaux a été fait sur des bases de copinage, avec la légèreté coutumière du régime du RPG et l’amateurisme intentionnellement en œuvre dans le but de ruiner le processus judiciaire en Guinée. Mr. Sako est spécialisé dans le droit de la famille, des personnes et de leur patrimoine (Voir : http://www.elledivorce.com/annuaire-du-divorce/region-languedoc-roussillon/herault-34/montpellier/maitre-cheick-sako-11.html). Il doit sa nomination d’avoir assisté Alpha Condé dans une affaire de divorce il y a quelques années. Les autres qualifications de Mr. Sako soulèvent de plus troublantes questions. Récemment, par méconnaissance ou par mépris du principe républicain de séparation des pouvoirs et des privilèges de parlementaire, le ministre de la justice a fait pression sur le président de l’assemblée nationale pour blâmer un député. En outre, Mr. Sako a prétendu être président d’une association nommée JURISTES SANS FRONTIÈRES qui se définit comme une organisation de terrain: par l'expertise, la formation, la réflexion, elle vise à favoriser la mise en œuvre du droit. Des recherches sur l’existence légale et les accomplissements de cette association ne donnent aucun résultat. Le web site de l’organisation (http://www.juristessansfrontieres.org) est en japonais. Pottal-Fii-Bhantal avait documenté ces faits lors de la nomination du ministre. Il avait été jugé nécessaire de lui donner le bénéfice du doute. Il est déconcertant de constater aujourd’hui que les inquiétudes sur l’homme et sa douteuse moralité sont fondées.

 

Mr. Sako semble avoir pris confort en la compagnie de criminels accusés d’avoir commandité des assassinats, des viols ainsi que du trafic de drogue, dans le gouvernement guinéen. Depuis sa nomination, il n’a pris aucune mesure pour établir des programmes d’assistance aux victimes en faveur de la justice. À présent il se porte volontaire pour invalider leurs revendications légitimes de citoyens avec des propos inadmissibles et une candeur de simplet. Mr. Sako se disqualifie professionnellement en ravalant la réclamation de justice des citoyens en une machination politiquement motivée. Il commet une faute morale en faisant d’une moquerie les souffrances des victimes de la violence d’état ainsi que des efforts de milliers de citoyens à travers le monde qui luttent pour débarrasser la Guinée de son passé de violation systématique des lois. Mr. Sako n’a pas utilisé les mots saboteurs, comploteurs, aigris ou champion de la victimisation en vogue pour dépeindre ceux qui réclament la justice en Guinée. Mais il a créé un agrégat dangereux d’accusations collectives et de blâmes vagues aux victimes et aux militants des droits de l’homme, dont il devrait savoir en homme de droit qu’ils sont répréhensibles moralement et irrecevables juridiquement. Pottal-Fii-Bhantal en tant que participant actif dans l’éradication de l’impunité et le renforcement de la justice en Guinée, prend ces propos comme une offense. Nous la condamnons absolument et sans équivoque. Nous en appelons à toutes les organisations de victimes, des droits de l’homme et de la société civile de dénoncer le comportement du ministre de la justice et réitérer la demande de saisine rapide de la CPI sur les crimes de septembre 2009.

 

Pottal-Fii-Bhantal réaffirme sa volonté de ne jamais faillir dans le combat pour la justice. Nous en appelons tous les citoyens à soutenir cette lutte dont l’avenir de la nation dépend.

 

La commission Centrale de Pottal-Fii-Bhantal Fouta-Djallon