ebola_3En Guinée, une lueur d'espoir alors que les mauvaises nouvelles s'accumulent sur le front d'Ebola. Une maman malade d’Ebola a accouché il y a trois jours au centre de traitement des malades de Guéckédou, l’épicentre de la maladie Ebola, là où les premiers cas ont été détectés dans la région de la Guinée forestière. Une première, car les malades enceintes voient souvent leur enfant décéder in utero.

C’est le genre de petit miracle qui redonne le sourire aux docteurs. Au centre de traitement des malades de Guéckédou, tout le monde ne parle que de cette femme qui a accouché la semaine dernière et qui depuis, est en voie de guérison. Une exception puisque d’ordinaire les femmes enceintes victimes d’Ebola perdent leur enfant.

 

« Au début, ça n’allait pas bien du tout. On n’espérait plus pour elle parce qu’elle était désorientée, elle ne restait pas tranquille. A un moment, on a pu la gérer. Ça commençait à aller mieux, c’est-à-dire qu’elle n’avait plus de fièvre et ne présentait plus les signes graves d’Ebola. Mais on ne percevait plus les bruits de l’enfant. On pensait tous que le fœtus était mort in utero. On attendait que la nature fasse son œuvre et ce qui finalement a eu lieu avant-hier », raconte Marie-Claire, docteur au centre de Médecins sans frontières.

 

La maman a mis au monde quasiment toute seule sa petite fille, le temps que l’équipe médicale se prépare : « Le temps qu’on nous appelle, qu’on vienne, qu’on se prépare, qu’on rentre, on a trouvé le bébé. On a nettoyé l’enfant et on a vu que c’était une fille et qu’elle vivait très bien. C’est vrai qu’au tout début la tonicité n’était pas là, mais on pouvait le comprendre », ajoute Marie-Claire.

 

Il faudra attendre encore trois semaines pour savoir si le bébé développe ou non la maladie. Pour l’heure, sa maman refuse de lui donner un prénom.

 

A Guéckédou, on refuse la fatalité

 

« J’ai perdu des amis, j’en ai perdus deux ou trois ». Pour Pierre, comme pour tous les habitants de Guéckédou, il y a un avant et un après Ebola. La maladie a tué et la peur est toujours présente.

 

Pourtant les responsables multiplient les campagnes de sensibilisation, chacun à son niveau. Abla Ibari est pharmacien et il répond inlassablement chaque jour aux inquiétudes de ses clients : « Généralement, ils veulent savoir comment se comporter ? Comment la maladie se propage ? Par rapport à ça, nous leur conseillons l’hygiène individuelle stricte. Nous leur demandons, à la moindre chose, s’ils ont une toute petite maladie,  de se déclarer. »

 

Sâa Jacques Léno est le maire de Guéckédou. Il tente de faire revivre sa cité malgré les difficultés économiques créées par la maladie. Mais surtout il demande aux Guinéens de ne pas stigmatiser les habitants de la Guinée forestière : « Ce n’est pas tout le monde qui est atteint d’Ebola. Nous sommes tous à Guéckédou et nous vivons ici depuis qu’Ebola a commencé. Nous sommes là et nous n’avons pas été atteints. Donc nous demandons aux gens de Conakry de ne pas stigmatiser les populations de Guéckédou ou de la forêt, mais de les recevoir comme leurs parents. »

 

Mercredi, le grand marché hebdomadaire regorgeait de clients, de commerçants et de produits. Le maire y voit un signe d’optimisme.

 

 

Par RFI