fievre_ebolaDepuis la confirmation vendredi de la présence à Dakar d'un étudiant guinéen infecté par le virus, les autorités sénégalaises et guinéennes ont tenté de retracer son itinéraire pour stopper une éventuelle propagation de la maladie.

 

Le Dr Daogo Sosthène Zombre, coordonnateur OMS/Ebola en Guinée a mené des investigations dans la famille de l'étudiant porteur du virus qui a importé la maladie au Sénégal. Le malade est actuellement en quarantaine au centre hospitalier de Fann à Dakar.

 

Contaminé par son frère

 

« Un étudiant guinéen de l’université du général Lansana Conté de Sonfonia de la faculté de sociologie ayant séjourné à Forecariah (à la frontière avec la Sierra Leone) dans sa famille a eu un contact le 8 août avec son frère malade venant de la Sierra Leone, rapporte le médecin. Ce dernier est décédé le 10 août à Laya, la préfecture de Forecariah. Son enterrement a eu lieu le 11 août. »

 

L’étudiant guinéen a quitté le 15 août la Guinée après avoir participé à l’enterrement de son frère pour se rendre en vacances au Sénégal.

 

« Le 15 août, poursuit le Dr Daogo Sosthène Zombre, l’étudiant guinéen a commencé à présenter des signes de la maladie. Quatre membres de sa famille ont été transférés au centre de traitement de Donka, à Conakry, le 26 août. La mère de l’étudiant et une de ses filles y sont décédées. Deux de ses frères ayant eu des échantillons positifs sont actuellement isolés au centre de traitement d’Ebola de l’hôpital Donka. »

 

En mars dernier, le Sénégal avait décidé de fermer sa frontière dès l’annonce de l’existence d’une épidémie de fièvre Ebola en Guinée voisine. Début mai, après plusieurs semaines de surveillance, Dakar avait décidé de rouvrir sa frontière.

 

La maison de l'étudiant désinfectée

 

Conséquence de ce premier cas avéré au Sénégal, les autorités affirment être passées d’un stade de prévention à un dispositif de surveillance pour contenir l’épidémie. Tout l’enjeu pour les agents présents sur le terrain, c’est d’abord de circonscrire les risques de propagation de la maladie. Selon plusieurs sources, la maison dans laquelle logeait l’étudiant a été désinfectée et évacuée par le service d’hygiène. Son entourage a été placé en quarantaine et bénéficie d’une surveillance médicale.

 

D’après le ministère de la Santé, une équipe restreinte s’est lancée dans un travail de recherche épidémiologique. Le but est de répertorier toutes les personnes qui ont été en contact avec le patient, au moment où il pouvait transmettre la maladie.

 

Vigilance également, dans les centres de santé, où médecins et infirmiers ont été sommés de porter des gants à l’accueil des patients. « Nous avons commandé des moyens de protection, ainsi que des kits de prélèvement », affirme un responsable du ministère de la Santé.

 

Malgré ces assurances, les syndicalistes demandent toujours plus de moyens logistiques pour éviter tout risque de contamination des personnels de santé. « Il faut distribuer des masques de protection et continuer les formations des agents sur le port et le déshabillage des tenues de protection », avertit Mballo Dia Thiam, le secrétaire général du Syndicat unique des travailleurs de la santé. Depuis le mois de mars, ce syndicaliste plaide pour un recrutement plus important des agents de santé dans les structures médicales.

Guinée-Bissau en alerte et émeutes en Guinée

 

La Guinée-Bissau est en alerte après la confirmation au Sénégal voisin d'un cas d'Ebola. Le gouvernement lance une campagne de nettoyage et de désinfection des lieux publics à travers le pays tous les derniers samedis du mois. « Notre pays doit être en alerte, car Ebola est déjà à nos portes », a déclaré Raimundo Pereira à l'occasion du lancement de cette opération à Farim, dans le nord, une ville proche de la frontière sénégalaise.

 

Des émeutes ont éclaté jeudi et vendredi a N'Zérékoré en raison de rumeurs liées a l'existence du virus Ebola. Cinquante cinq personnes ont été blessées. Le couvre-feu a été décrété. Des manifestants avaient pris à partie l'hôpital. N'Zérékoré, la deuxième plus grande ville de Guinée, est au cœur de la zone la plus touchée par l'épidémie d'Ebola en Afrique de l'Ouest.

 

Le Liberia, où les autorités sanitaires sont débordées par l’ampleur de l’épidémie, interdit aux marins de débarquer dans ses ports. Enfin, le Maroc se dit solidaire des pays touchés par l'épidémie. Il est le seul pays à continuer de desservir les aéroports de Sierra Leone, du Liberia et de la Guinée.

RFI