fievre_Ebola_7Il était le seul spécialiste en fièvres hémorragiques de la Sierra Leone. Mais Ebola, qui continue de ravager l'Afrique de l'Ouest, ne l'a pas épargné : mardi 29 juillet, Sheik Umar Khan, le médecin chargé de diriger la lutte contre l'épidémie de fièvre en Sierra Leone est mort du virus.

Le virologue de 39 ans avait été diagnostiqué quelques jours auparavant, puis transféré dans un centre médical géré par l'organisation non gouvernementale Médecins sans frontières (MSF) dans le nord du pays.

Sheik Umar Khan est mort le jour où le président de la Sierra Leone, Ernest Bai Koroma, s'apprêtait à visiter le centre où il exerçait et avait  traité plus de cent patients, dans la ville de Kailahun (Est), rapporte le Guardian. Le ministère de la santé a salué en lui un « héros national ».

 

D'AUTRES MÉDECINS EN QUARANTAINE

Un autre médecin, canadien, revenu samedi du Liberia, où il avait passé un mois à lutter contre l'épidémie, est actuellement en quarantaine à son domicile de Vancouver, mais il ne souffre d'aucun symptôme. Durant son séjour, ce docteur avait côtoyé deux humanitaires américains, qui se trouvent eux aussi en quarantaine, toujours au Liberia. L'un d'eux est « faible et vraiment malade », ont indiqué ses proches.

L'infection, qui est quasi toujours mortelle, entraîne des vomissements, des crises de diarrhée et des saignements internes et externes.

 

DE LA GUINÉE AU NIGERIA

Dimanche, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) désignait la Sierra Leone comme nouvel épicentre de l'épidémie de fièvre hémorragique. Cette épidémie s'est déclarée au début de l'année en Guinée, puis a gagné le Liberia et la Sierra Leone, trois pays voisins qui, au 23 juillet, totalisaient 1 201 cas, dont 672 mortels, selon le dernier bilan de l'OMS.

 

La semaine dernière, le Nigeria annonçait le premier cas d'Ebola sur son sol, un Libérien ayant voyagé par avion de Monrovia à Lagos via Lomé et qui est mort le 25 juillet.

 

L'AVIATION CIVILE TOUCHÉE

A la suite de la mort de ce Libérien, la principale compagnie aérienne nigériane, Arik Air, a suspendu tous ses vols au départ et à destination de la Sierra Leone et du Liberia.

Une décision suivie par la compagnie aérienne Asky (African Sky), dont le siège est à Lomé, au Togo, qui a suspendu ses vols en Sierra Leone et au Liberia en raison de craintes concernant la propagation du virus. Les passagers au départ de Conakry, la capitale guinéenne, seront soumis à un contrôle sanitaire pour détecter d'éventuels symptômes, a précisé la compagnie.

En conséquence, l'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI, une agence de l'ONU) et l'OMS ont annoncé, mardi, qu'elles allaient se réunir d'urgence, pour réfléchir à la façon de limiter la propagation. « Jusqu'à ce [mardi] matin [avant la décision d'Asky] cela ne touchait pas l'aviation civile, mais maintenant nous sommes concernés », a souligné le secrétaire général de l'OACI, Raymond Benjamin.

Au Liberia, on tente également de s'organiser. La Fédération libérienne de football a en effet annoncé mardi la suspension « avec effet immédiat » de ses activités, et le ministère des finances a, pour sa part, décidé de placer sous surveillance sanitaire ses agents ayant été en contact avec un de ses fonctionnaires mort du virus en mission au Nigeria la semaine dernière.

 

Le Monde.fr