collectif_adpSuite au blocage du dialogue politique et des constats relevés sur le recensement général de la population guinéenne, l’opposition guinéenne s’est réunie au QG de l’Union des forces démocratiques de Guinée ce 25 juillet à Conakry, pour se prononcer sur la situation. C’est du moins ce qu’a constaté votre quotidien sur place. Ont participé à la rencontre, Cellou Dalein Diallo, président de l’Ufdg, Aboubacar Sylla de l’Union des forces du changement, Faya Millimono du Bloc Libéral. A l’issue de leur rencontre, les leaders de l’opposition ont décidé d’aller à la vitesse supérieure en projetant une marche le 4 août prochain à Conakry, selon leur porte-parole, Aboubacar Sylla.

Parlant du dialogue, il a déclaré que l’opposition parlementaire et extraparlementaire guinéenne déplore que les acteurs du dialogue politique inter-guinéen ne soit pas en mesure de « signer  le moindre accord avec le gouvernement » plus de dix jours après « la fin de ce dialogue. » Il ajoute que l’opposition a reçu un projet de relevé de conclusion du ministre guinéen de l’Administration du territoire et de la décentralisation, il y a 48 heures, mais qui « occulte des questions importantes, au cœur du débat politique guinéen et qui ont été également au cœur de la crise politique majeure que la Guinée a connu en 2012 et 2013. Ce sont les questions liées à l’opérateur technique. Cette question a été occultée complètement dans le projet qui vient de nous être soumis. »

S’agissant des sociétés Waymark-Sabari Technology, pour la participation à l’appel d’offre international qui doit être lancé pour la révision du fichier électoral en vue de l’élection présidentielle de 2015, Aboubacar Sylla indique l’opposition a convenu de « façon consensuelle et en plénière que ces deux sociétés seraient exclues de cet appel d’offre, parce que tout simplement elles ont été à la base de la polémique que nous avons connue et qui a entraîné les manifestations politiques qui ont eu comme conséquences des dégâts matériels importants et surtout des victimes en grand nombre dans notre pays. » L’opposition a convenu que la société Sabari devait « cesser immédiatement ses activités au niveau de la CENI en respect de l’accord politique du 3 juillet 2013. » Cette question a été aussi volontairement occultée dans le relevé de conclusion soumis à l’opposition.

S’agissant des élections communales, l’opposition projetait leur organisation au plus tard en fin d’année 2014, mais quelle ne fut sa surprise de voir cette question effacée du relevé de conclusion fait par Alhassane Condé, le ministre guinéen de l’Administration du territoire.

 « C’est une volonté délibérée de saboter ce dialogue. Le problème ce n’est pas le RPG-arc-en-ciel et ses alliés avec qui nous nous sommes bien entendus sur les conclusions de ce dialogue, ce n’est pas aussi le gouvernement, puisque nous nous sommes entendus avec le gouvernement, ce n’est pas aussi la CENI puisque nous nous sommes entendus avec elle, le problème c’est au niveau du Président de la République qui s’oppose systématiquement à tout accord politique et même à tout processus pouvant amener à un dialogue structuré, organisé pouvant déboucher sur des conclusions effectivement applicables. »

D’où des décisions prises par l’opposition. En premier, elle se propose de saisir le ministère de la Justice, puisque c’est lui qui préside le dialogue, pour « attirer son attention sur ce que je viens d’évoquer comme anomalies au niveau du relevé de conclusions, lui demander de prendre ses responsabilités mais aussi de faire appliquer les conclusions que nous nous sommes convenues et que cela soit signé dans un relevé de conclusion signée très rapidement. »

Deuxièmement, l’opposition saisira la communauté internationale, partie prenante du dialogue de 2013, et signataire de l’accord alors obtenu, pour « l’interpeller pour l’amener à jouer le rôle que tous les Guinéens attendent d’elle en ce qui concerne l’application des dispositions convenues au titre de cet accord et au titre du relevé de conclusion que nous venons de négocier, de discuter. »

Troisièmement, l’opposition organisera une conférence de presse le 31 juillet pour donner son point de vue sur la situation socio-politique guinéenne par rapport à la nouvelle donne, « qui est une incitation aux trouble politiques dans le pays. »

Quatrièmement, elle organisera, le lundi 4 août prochain, ce qu’Aboubacar Sylla a appelé « un meeting géant à Conakry en appelant tous les citoyens, tous nos militants de la ville de Conakry et d’ailleurs à venir participer à ce meeting, à venir nous écouter pour que nous puissions présenter la situation de notre pays et les risques que la Guinée court avec ce refus du Président de la République d’entériner les conclusions d’un dialogue qui aurait pu contribuer largement à préserver la paix civile, la cohésion sociale et la stabilité politique de notre pays. »

Parlant du recensement général, l’opposition décide, après avoir constaté notamment, des  incohérences graves, à faire une déclaration aussi bien à l’intention de la communauté nationale qu’internationale,  aussi bien au coordinateur résident du Système des Nations Unies qu’au délégué de l’Union européenne, du fait que ces deux institutions participent au financement de ces élections. Selon Aboubacar Sylla, l’opposition leur prouvera les incohérences du recensement général de la population et qu’il sert à « justifier, à postériori,  les fraudes qui vont être organisées lors de la prochaine révision du fichier électoral, pour pouvoir justifier des gonflements d’électorat dans certaines régions et sa réduction dans d’autres qui ne seraient pas favorables à ce pouvoir. »

Selon M. Sylla, le présent recensement vise à préparer des fraudes aux futures élections que de permettre à l’Etat de disposer des donner fiables pour lui permettre de concevoir une politique de lutte contre la pauvreté, de lutte  pour le développement des infrastructures à la base.

Aliou Diallo pour www.guinee58.com