ceniCe 12 juillet, au cours d’une conférence de presse, la Commission électorale nationale indépendante (CENI) guinéenne a fait le compte rendu de sa dernière mission à l’intérieur du pays. Pathé Dieng et Yaya Kane, respectivement directeur de la planification et des opérations de la CENI ont parlé de plusieurs sujets. Ils ont cru citer les contraintes qui bloqueraient leur institution dans sa mission d’organisation des élections communales et communautaires en Guinée.

L’atelier de février dernier tenu au centre urbain de Kindia, situé à 130 kilomètres aurait permis à la CENI de taire les critiques en famille et d’élaborer 111 recommandations dans un rapport. Résultat, déploiement des missions dans les 38 circonscriptions électorales du pays, dans le cadre, selon la CENI, des préparatifs des élections communales.

Yaya Kane a rafraichi les mémoires sur les objectifs de la CENI. Il a évoqué surtout la mission liée à la collecte, la correction des anomalies identifiées sur la liste électorale, l’actualisation de la cartographie des bureaux de vote réalisée en mai 2013. Selon lui,  ce qui aurait permis à l’organe chargé des élections de classer les anomalies sur le fichier électoral en cinq catégories dont les quatre principales : localisation des électeurs, mauvaise affectation aux bureaux de vote, omissions et doublons. Toutes auraient été décelées sur le terrain, avec la participation des représentants des partis politiques, à l’exception de la commune de Kaloum.

S’agissant des critiques dirigées contre la CENI, Yaya Kane soutient que cela signifie la « CENI fait bien son travail », c’est pourquoi elle est critiquée de toute part.

Pathé Dieng a d’abord réagi aux accusations portées sur la CENI disant que celle-ci refuse d’organiser les élections communales et communautaires. « On ne peut pas ne pas organiser des élections, quand celles-ci sont projetées par la Guinée. Quand on commande une élection, on l’a fait.» Il argue que la CENI est maître d’œuvre, elle n’est pas maître d’ouvrage. La CENI se serait même projetée dans l’organisation desdites élections en se dotant « d’un document de vision ». Le document doit être mis à la connaissance des acteurs politiques impliqués dans le dialogue politique inter-guinéen. Sauf que ledit document, selon M. Dieng, a relevé des contraintes juridiques, techniques, politiques, socioculturelles et financières. Elles doivent être levées pour aller aux élections communales et communautaires.

Pour l’exemple des contraintes juridiques, il parle du code électoral et celui des collectivités locales, en citant les incohérences entre les deux. « Les articles 99 et 102 du code électoral sont contradictoires. Dans l’un des articles, on vous dit que le fonctionnement des chefs de quartier et de district est pris par un arrêté du ministre. Dans l’autre, on vous dit que c’est par un décret du Président de la République ». Dire aussi, selon lui, que la Constitution guinéenne ajoute d’autres confusions. « L’article 2 de la Constitution dit que le vote est universel, égal, direct et secret. Vous prenez le code électoral, on vous dit que le vote des conseils de district se fait à main levée ou par alignement ». Il va falloir éclaircir et corriger ces incohérences dans l’arsenal juridique sur lequel se base la CENI et les acteurs impliqués, avant d’aller à l’organisation de ces élections.

Pathé Dieng a surtout parlé des contraintes financières, en rappelant la réduction du budget de la CENI. « Pour organiser les communales, la CENI a élaboré un budget prévisionnel de 224 milliards de francs guinéens. Il n’était pas exhaustif parce qu’il ne prenait pas en compte certaines dépenses qui sont incompressibles pour le budget électoral. A la loi des finances votée par le CNT, on nous a donné 132 milliards de francs guinéens. Donc, il y a un gap qu’il faut combler. Qui va le combler ? Est-ce que l’Etat qui est souverain dans l’organisation de ces élections communales ? Est-ce qu’il faut aller vers les partenaires ? Dans quel délai ? » s’est-il interrogé. C’est la contrainte majeure, estime-t-il.

Il n’est allé du dos de la cuillère pour affirmer que toutes ces contraintes devront être levées avant d’aller aux élections, sinon, affirme-t-il, il vaut mieux laisser ces anomalies comme telles, pour organiser les élections communales et communautaires. Rappelons que ces élections devraient être organisées, selon l’ex Conseil national de transition en Guinée, six mois après l’investiture d’Alpha Condé.

Comme pour dire, l’organisation de ces élections est le dernier des soucis d’Alpha Condé et son gouvernement.

 

La rédaction de www.guinee58.com