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Le 21 mars passé, la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) et l’Organisation guinéenne des droits de l’homme (OGDH) se félicitaient du limogeage du commandant Sékou Camara alias Resco de son poste de gouverneur de la ville de Conakry par le décret du 19 mars 2014.

Par la même occasion, les deux organisations exprimaient leur préoccupation sur les tractations en cours dans les hautes sphères de l’Etat pour le nommer dans une fonction d’attaché militaire d’une de nos ambassades en Afrique ou dans des pays moins regardants pour les droits de l’homme. Une fonction nominative pouvant le couvrir d’immunité diplomatique et par ricochet l’éloigner de façon durable de toute interpellation judiciaire dans les affaires de tueries et de tortures qui le suivent comme l’homme et son ombre.

A un moment, les observateurs l’attendaient du côté du Sénégal. L’affaire Ebola ayant affecté tant soit peu les relations avec la Guinée, les tenants du pouvoir actuel ont certainement misé sur un décret devant le parachuter au Brésil.

Un pays avec lequel les nouvelles autorités gouvernementales entretiennent des relations très privilégiées dans bien de domaines. Notamment dans la gestion des bénéfices des marchés des grandes entreprises spécialisées dans les mines et les activités connexes, les BTP et l’implantation de sociétés agro-industrielles.

Le choix de Resco n’est pas un fruit du hasard. L’annonce de la préparation de ce décret sonne déjà comme une première grande victoire de l’impunité.

Et puis, ce décret, s’il est rendu public, sera sa plus belle récompense pour service rendu au régime Alpha Condé. Toutefois, aux yeux de la morale et de la justice, ce sera une mesure de protection d’un présumé tueur ayant mutilé plusieurs de ses concitoyens au moment où il était gouverneur de Conakry. En effet, Resco s’est illustré par une barbarie sans précédent dans les trois premières années du régime Condé. Ses déclarations menaçantes contre les manifestations programmées par l’opposition et ses sorties dans l’exécution de ses menaces étaient toutes meurtrières ou sanglantes.

Cet ancien vigile devenu militaire, est accusé dans des dossiers d’assassi-nats et de tortures d’opposants de 2010 à 2014.

Resco est notamment poursuivi dans plusieurs affaires restées sans suite : Affaire de tortures, mutilation, abus de confiance, escroquerie et meurtre. Le cas le plus médiatisé est celui relatif à l’affaire Zakariou Diallo, du nom du jeune militant de l’Ufdg tué à l’âge de 32 ans le 3 avril 2011 au cours de la réception de Cellou Dalein Diallo. Une ONG a fait état de 27 blessés dont 8 par balles réelles.

Ancien porteur de mallette du Premier ministre Lansana Kouyaté (1er mars 2007 – 20 mai 2008), Resco est nommé administrateur du marché de Madina quelques temps après la prise du pouvoir par le CNDD en 2008. Par la suite, il est fait gouverneur de Conakry.

A l’installation d’Alpha Condé au pouvoir en 2010, il réprime les manifestations contre les délires du régime.

Son limogeage par le décret le 19 mars 2014 a surpris plus d’un membre de la famille présidentielle qui lui apportait un soutien de tous les instants.

Source : Le Populaire