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La fièvre hémorragique Ebola continue de s’étendre en Afrique de l’Ouest où plusieurs pays comme la Guinée, le Liberia, la Sierra Leone, le Mali, sont touchés à des degrés divers. Selon les derniers chiffres de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) publiés mardi dernier, depuis janvier, 101 personnes sur 157 malades sont mortes en Guinée, de la fièvre Ebola. Des chiffres alarmants qui provoquent une certaine psychose au sein des populations déjà en proie à la terreur.

Quand on voit plusieurs personnes d’une même famille emportées en même temps par cette maladie, on ne peut que voir le diable partout

A Macenta justement, un village de la Guinée forestière où sévit le mal, des membres de l’ONG Médecins sans frontières (MSF), venus porter secours, ont été pris à partie par des populations qui les soupçonnent d’être eux-mêmes vecteurs et responsables de la propagation du virus, les contraignant à quitter les lieux sans avoir pu faire leur travail. Cela n’est pas sans rappeler le cas haïtien où, au lendemain du tremblement de terre de janvier 2010, des personnels des Nations unies, envoyés au secours dans ce pays, ont été accusés plus tard d’y avoir amené le choléra qui y a fait de nombreuses victimes.

Dans le cas guinéen, le gouvernement a présenté ses excuses à l’ONG, tout en portant un démenti, et en tentant de rassurer les populations. Mais il faut dire que la situation actuelle, caractérisée par le manque de vaccins et de médicaments curatifs de la maladie, a semé la peur-panique au sein des populations. D’où la nécessité d’une bonne communication avec ces dernières sur la portée des actions des différents intervenants sur le terrain. Car, la psychose a atteint un tel degré que ces populations en viennent quelquefois à adopter des comportements irrationnels. En cela, l’on pourrait dire que l’on a, de ce fait, atteint le stade de la grande émotion. Or, là où s’installe l’émotion, le rationnel a peu de place. Cependant, cette émotion peut être humainement justifiée et compréhensible face à un mal devant lequel tout le monde semble désarmé. Cela pourrait justifier le comportement des populations de Macenta.

En effet, quand on voit plusieurs personnes d’une même famille emportées en même temps par cette maladie, comme c’est le cas dans cette préfecture, on ne peut que voir le diable partout ; même en ceux qui prennent le risque de venir au-devant du danger pour porter secours.

Ebola reste un défi de taille pour la science

Il est vrai que les personnels de MSF ne s’aventurent pas dans ces zones sans le minimum de précautions pour se protéger eux-mêmes d’abord. Mais, tout porte à croire que ce sont des boucs émissaires tout trouvés par ces populations, dont la conviction est renforcée par la rumeur qui fait croire que de par leur mobilité, ces agents de MSF ont bien pu entrer en contact avec certaines personnes atteintes de cette maladie aussi bien en Guinée que lors de certaines interventions dans d’autres pays. En cela, ils constitueraient de potentiels propagateurs du virus, surtout que, lors de leurs sorties, ce ne sont pas des médicaments qu’ils distribuent aux populations pour leur permettre de lutter contre la maladie. Il y a donc une mauvaise compréhension de l’action de MSF, toute chose qui pose la nécessité d’une bonne communication autour de cette maladie. Car, quoi qu’on dise, même en ne distribuant pas de médicaments, ces ONG contribuent beaucoup, à travers leurs actions, à circonscrire et à réfréner l’évolution de la maladie en vue de la mettre sous contrôle, ne serait-ce qu’à travers les conseils sur les règles élémentaires d’hygiène à observer au quotidien.

De fait, avec cette maladie, beaucoup d’habitudes culturelles de nos populations comme, entre autres, la propension à se serrer les mains pour se saluer, les soins funéraires, les repas communautaires, qui sont autant d’occasions de contact, sont appelées à changer et c’est là une autre difficulté, et pas des moindres, dans la lutte contre ce fléau. En plus, il y a la difficulté de faire accepter les mesures d’isolement des malades dans une société où rendre visite aux malades, parfois par délégations entières, est fortement ancré dans nos habitudes. Vivement qu’une solution soit trouvée à Ebola qui reste un défi de taille pour la science après la lèpre, la peste, le SIDA, entre autres.

Source : www.lepays.bf