C’est sous haute surveillance sécuritaire que le procès d'Ousmane Gaoual Diallo s’est tenu, en l’absence inexpliquée de la partie civile, ce jeudi en Guinée. Le procureur, chef des poursuites, était donc seul face à la colère des avocats de la défense. Sidiki Kanté, qui s'était exprimé sur RFI le matin de l'audience pour justifier l'arrestation de l'opposant, a essayé de défendre cette démarche, donnant une leçon de morale au prévenu.

Ses propos ont été religieusement suivis par l’assistance, avant que le procureur ne prononce son réquisitoire. Sidiki Kanté a alors demandé une peine de deux ans de prison et un peu plus de 100 euros d’amende pour le député de l'opposition : « Madame la présidente, retenir Ousmane Gaoual Diallo [pour ] coups et blessures, injures publiques et menaces... Le condamné a besoin d’emprisonnement. »

Un « procès politique », selon les opposants

Mais le procureur n’a pas été suivi par la présidente du tribunal. Dienabou Donghol Diallo a elle  condamné l’opposant à 18 mois de prison avec sursis, une décision saluée par une explosion de joie dans la salle. Me Paul Tomba Kourouma, conseil de M. Diallo, est surpris par le verdict. « C’est une peine à laquelle nous ne nous attendions pas réellement, il recouvre sa liberté mais nous poursuivrons la procédure, puisqu’il ne s’agit pas d’une procédure de flagrant délit, [il] n’a pas du tout été observé. »

Fodé Oussou Fofana, vice-président de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) qualifie toute la procédure judiciaire de « procès politique ». « Nous avons assisté à du théâtre, nous avons assisté à un procès purement politique. La peine qu’on lui a infligé, de 18 mois, est une peine qu’il ne mérite pas du tout. C’est vrai que c’est avec sursis, mais c’est excessif. »

 

? Réaction de M. Diallo sur nos antennes

Le principal intéressé, Ousmane Gaoual Diallo, s'est lui aussi arrêté au micro de RFI à la fin de son procès, pour revenir sur ses conditions de détention et commenter sa condamnation à de la prison avec sursis.

« J’ai été mis en détention le lundi, déferré à la prison centrale de Conakry où j’ai été logé dans des conditions plus ou moins acceptables, raconte l'opposant. J’ai occupé une cellule grande, d’un peu près de 16m2, avec un matelas et de la lecture qui m'a été livrée rapidement. J’avais accès aussi à l’information via une radio.

Voilà, ce sont des conditions d’hygiène plutôt respectables ! J’avais accès à l’eau ..., accès à des toilettes privatives, et j'ai été mis dans des conditions où je n’étais ni envahi par les autres co-détenus, ni importuné par les gardiens de prison. Ils étaient là, mais je n’ai pas subi de traitement dégradant particulier.

C’est quelque chose qui était, disons-le, plutôt respectable. [Etant donné] les conditions de détention que l’on a connues par le passé, -les prisonniers étaient mal traités et soumis à des conditions de vie en interne de la prison plutôt dégradantes-, moi, je n’ai pas vécu ça, donc c’était plutôt respectable. De ce point de vue, il y a une amélioration qu’il faut noter.

Et puis, donc,... trois jours après, j’ai été déferré devant le tribunal de Mafanco. Moi-même, j’ai participé à ce procès. Il faut saluer ici une certaine forme d’indépendance de la juge, qui a décidé de couper la poire en deux, c'est-à-dire de me condamner à une peine avec sursis, de me libérer aujourd’hui mais de garder quand même cette condamnation que nous allons rejeter. »

RFI